J’aimais beaucoup ma grand-mère. Elle était élégante. On disait qu’elle avait travaillé « dans la mode » après la guerre. Ce qui n’était pas rien pour une femme de sa génération.
Elle avait beaucoup de matériel de couture et des coupons de tissu. Je me souviens avoir passé du temps chez elle, seule, petite fille, lorsque mes parents déménageaient. Certains après-midis, me sachant manuelle et sensible aux belles choses, elle ouvrait le placard de son cabinet de toilettes et me montrait ses « trésors ».
Après sa mort et celle de mon grand-père bien plus tard, on m’a demandé ce qui me ferait plaisir de garder comme souvenir d’elle. J’ai demandé les boîtes à couture dont je gardais un souvenir assez précis. On me transmit donc un jour un carton plein de boîtes de différentes tailles en plus ou moins bon état. Je me suis approprié certaines de ces boîtes qui font partie aujourd’hui de ma « boîte à couture » quotidienne.Mais c’est seulement aujourd’hui que je suis retournée chercher le carton blanc un peu oublié dans un coin de la maison portant les mots « couture » écrit au crayon de papier par ma mère et « boutons » ajouté par moi.
J’ouvre et redécouvre le trésor : d’abord le regard est attiré par une boîte en plastique transparente qui révèle déjà quelques éléments disparates (boutons de bois ou boutons couverts de tissu). Puis l’on devine d’autres boîtes plus mystérieuses. Des petites au contenu hétéroclite, quelques boutons vierges de toute histoire également trainent entre les contenants, comme rattachés à rien.
Et puis on sort tout et on découvre 13 boîtes de métal. 12 contenaient à l’origine des cigarettes et 1 des pastilles Vichy. Sur la plupart de ces boîtes, une petite étiquette ronde précise par un ou plusieurs mots les objets ou couleurs contenues.
Ouverte, chaque boîte révèle un type d’objet : attaches, aiguilles, épingles à chapeaux. Mais la plupart contient des boutons. Triés par couleur, ils attendent, prêts à être choisis à nouveau. Un héritage en forme de nuancier bien ordonné. Parfois, on reconnaît une série, probablement conservée après la mort d’un habit. Auront-ils la force de faire vivre un nouveau vêtement?
Journées du Matrimoine – Boîte à boutons de Cécilia de Varine