J’ai choisi de présenter l’histoire qui se cache derrière la boîte à boutons de ma grand-mère. Il me semblait évident de parler de cette dernière car, bien que cela reste une babiole pour certains, elle a une valeur sentimentale et unique à mes yeux. Suite à un accident, ma grand-mère fut contrainte de déménager et, au cours de ce déménagement, certaines de ses affaires ont malheureusement été perdues. Je n’étais donc pas sûre qu’elle l’ait encore. mais, à mon plus grand plaisir, cette fameuse boîte avait su retrouver son chemin.
A l’origine, il s’agissait d’ une boîte à gâteaux. Grand-mère décida par la suite d’y ranger son matériel de couture. Je me souviens, plus jeune, m’être trompée plus d’une fois sur le contenu de la boîte, et avoir été déçue de constater que les gâteaux que les biscuits avaient fait place à des aiguilles et des boutons. Mais ces déceptions enfantines fut vite remplacées par un sentiment d’excitation, une fois devenue assez habile de mes mains. Ma grand-mère fit de moi son bras droit et m’apprit à coudre et broder. Chaque fois que je voyais la boîte posée sur la table du salon, je savais que j’allais pouvoir utiliser mes mains à bon escient.
Comme mes parents étaient restaurateurs, ils étaient souvent pris par leur travail. Je passais donc la plupart de mes journées chez ma grand-mère. Mes trajets pour aller chez elle se résumaient très souvent à une question: Allais-je retrouver la boîte à boutons aujourd’hui ? La présence de cette boîte était pour moi une réjouissance. Je chérissais ces moments, où en dépit de mon jeune âge, quelqu’un avait confiance en moi. Je me sentais utile et j’étais fière de ce que je pouvais produire. Mais si je ne devais citer qu’une chose apprise grâce à cette boîte, ce serait, sans aucun doute, le fait qu’elle soit source de rapprochement entre les êtres.
En effet, ma grand-mère ne parlait pas français, et je ne comprenais que très peu ma langue d’origine. Il nous était donc parfois difficile de communiquer. Lorsque qu’elle décida de m’apprendre à coudre, j’observais beaucoup au départ, puisqu’elle ne pouvais pas vraiment me donner d’explications. Mais malgré ce handicap, grâce à ses gestes et aux peu de mots que je pouvais comprendre, j’ai pu apprendre rapidement. Il lui arrivait également de me montrer de quels manteaux étais tombés certains boutons ou encore, qu’elle étaient ses boutons préférés. Ces moments nous ont appris que la barrière de la langue ne nous empêchait plus de communiquer. Même si la plupart du temps, nous discutions à l’aide de gestes, j’étais plus qu’heureuse de constater que nous avions pu dépasser cette contrainte .
Il est important pour moi de parler de cette boîte, qui est un point central dans ma relation avec ma grand-mère. Qui aurait cru qu’une simple boîte à boutons puisse autant nous rapprocher ?
La boîte à boutons de la grand-mère d’Alice Siong-Ndzeu