Mes boutons sont désormais rangés dans une ancienne boîte à couture offerte à Strasbourg par une chère amie avant qu’elle retourne vivre définitivement en Grèce.
Au regret de ce tas coloré et surprenant, ils sont désormais organisés par matières, par familles, par couleurs et par taille dans des petits sachets plastiques, ce qui facilite leur localisation.
J’ai encore le souvenir visuel et tactile de la boîte à bonbons ronde en fer blanc d’où je les ai sortis et où s’accumulaient les boutons de ma mère et de ma grand-mère maternelle. C’était au Portugal et j’aimais y plonger la main et sentir ruisseler ces formes et ces couleurs qui souvent me rappelaient un habit qu’une d’elles ou même moi avions porté jadis.
Je suis aussi fière de ces boutons que de n’importe quel autre objet qui m’est parvenu par héritage.
Ces boutons arriment ma mémoire au souvenir de ces femmes comme ils fixent temporairement les deux pans d’un habit : parfois et pour diverses raisons ; un seul ou la totalité ; ceux du haut ou ceux du bas ; mais toujours par un mouvement lent d’adéquation des doigts, une victoire savourée chaque fois qu’on réussit à faire rentrer ou sortir un bouton de sa boutonnière.
Une victoire chaque fois que ces mémoires me soutiennent et me grandissent, pour diverses raisons, mais seulement parfois… de manière négociée : ceux du haut ou ceux du bas. Toute autre chose que la « fermeture éclair ».
Trois pays et trois générations se retrouvent dans ma mémoire quand je cherche un bouton, comme pour me rappeler que le lien est un choix.
Journées du Matrimoine – La boîte à boutons d’Isabel Jurdant-Lechner